Les Globes Trotters

Nous sommes partis de la gare de Surabaya en direction de Banyuwangi avec pour seul et unique objectif : l’ascension du Kawah Ijen. Il s’agit d’un volcan explosif actif. Son nom signifie « cratère vert » en javanais.

Il faut compter environ 6h de train. Nous avons voyagé en classe économique. Nous étions à droite du couloir où des banquettes de deux places sont face à face (à gauche du couloir ce sont les banquettes de 3 places). Nous avons voyagé la plupart du temps en face d’une mère et de ses deux petites filles. Le trajet s’est bien déroulé et est passé plutôt vite.

L’arrivée à Banyuwangi, ville de départ des excursions

Nous descendons au terminus de train, dans la gare de Banyuwangi. Nous avons réservé notre hébergement tout près de la gare, pour plus de praticité. Sur le quai de la gare, un vendeur d’excursion nous interpelle et nous demande où l’on va. On lui dit le nom de notre guesthouse et on précise qu’on va y aller à pied car c’est tout près. Le gars nous regarde avec des gros yeux et nous dit que c’est « far far away » et qu’il faut prendre un taxi ou un bémo ! Au début, nous on y croit moyen, on pense à une entourloupe. Dans le doute, on consulte maps.me… ah bah oui en effet, on est far far away… on s’est surtout planté d’arrêt de gare ! Flûte, zut, crotte, on aurait dû descendre à l’arrêt précédent… là où les autres touristes sont descendus…

Alerte info pratique, très pratique : il existe deux gares ferroviaires à Banyuwangi : l’une près des ferries = le terminal, pratique si vous souhaitez rejoindre l’île de Bali. Elle se trouve à environ 8km du centre-ville. Et celle d’avant, nommée Karangasem, proche du centre-ville de Banyuwangi, là où vous trouverez les hébergements et le départ de la plupart des excursions organisées pour le Kawah Ijen.

On grimpe donc dans un bémo qui nous emmènera jusqu’à notre guesthouse, située près de la gare de Karangasem. C’est près de la gare, c’est sûr… mais c’est dans un « quartier » très éloigné du centre-ville, où il n’y a rien du tout. L’endroit est un peu tristounet, la guesthouse un peu glauque. Seules les prières de la mosquée, collée à notre guesthouse, mettront un peu d’animation (dans notre sommeil également). Location d’un scooter obligatoire.

Au début, j’avoue, j’étais pas trop « pour » organiser notre propre excursion pour le Kawah Ijen : rouler en scooter en pleine nuit sur une route qu’on ne connaît pas, grimper un volcan en pleine nuit sans guide, descendre dans un cratère aux gaz toxiques sans guide… puis finalement, à force de lectures d’autres voyageurs l’ayant fait seuls et au vue d’un accueil du jeune homme de la guesthouse, un peu stone, qui n’est pas capable de nous donner des infos sur son excursion, ok, j’abdique, pour le plus grand contentement d’Antoine.

La préparation pour l’ascension du Kawah Ijen

  • Un scooter puissant, avec le plein d’essence (ne pas faire comme nous, à galérer à trouver de l’essence à 00h30 du mat’).
  • Un conducteur concentré et reposé : les routes ne sont pas en bon état. La dernière partie est très pentue, très sinueuse et la route n’est pas très large. Attention aux coulées de boue, glissade assurée.
  • Un co-pilote avec un itinéraire repéré grâce à maps.me (même sans maps.me ça se fait, de la ville au pied du volcan, il faut suivre un axe principal, le Kawah Ijen est indiqué. Puis, après le poste de péage, il n’y a qu’une seule route).
  • Des vivres : de l’eau et des barres de céréales (nous on avait prévu le petit-déj’ complet, mais on est des gourmands).
  • Des accessoires indispensables : la lampe de poche/la lampe frontale, ponchos de pluie pour la route au cas où, masques à gaz (loués à la guesthouse)
  • Des vêtements chauds : foulard, veste, bonnes chaussures. Nous n’avons pas eu besoin des gants, ni des sous-pull à manche longue.
  • Une bonne chronologie :
    • Départ à 00h30
    • S’acquitter du droit d’entée au pied du volcan
    • Arrivée à 1h45 après 1h15 de trajet (recherche d’essence comprise).
    • S’acquitter du droit d’entrée au départ des treks
    • Et c’est parti !

L’ascension du Kawah Ijen

C’est donc munis de nos lampes frontales que nous commençons l’ascension. Le début est un peu difficile, car très raide, sur plusieurs mètres. Ca tire pas mal les mollets et les cuisses ! La première demi-heure passée, c’est un peu mieux. N’ayant pas de guide, ou pas de groupe, pas de pression, nous allons à notre rythme. Les groupes avec guides sont nombreux. Ils nous permettent de nous rassurer en nous disant qu’on est sur la bonne route. M’enfin, c’est facile de tout façon, il n’y a qu’un seul et unique chemin pour arriver au cratère. Pas d’erreur possible.

Au bout d’environ 45/50 mins d’ascension, nous sommes arrêtés par un guide qui loue des masques à gaz. Il nous dit qu’il est temps de les mettre car il y a des émanations de fumées de soufre. Nous mettons donc nos masques. Une fois la fumée traversée, nous les enlevons et nous arrivons au cratère après une heure de marche. Il fait encore nuit bien sûr, nous pouvons à peine discerner le lac, par contre, nous voyons très bien l’imposante colonne de fumée formée par le soufre, au fond du cratère. Le ciel est clair et étoilé. On admire le spectacle.

La descente dans le cratère

Nous voyons les guides et les groupes se diriger vers l’extrémité du cratère. Nous nous incrustons entre deux groupes et nous suivons la file indienne de gens. Eh oui, il y a du monde à descendre dans le cratère. Ca bouchonne un peu et encore une fois il n’y a qu’un seul chemin possible. La route est raide, dans le sens de la descente cette fois-ci, et glissante. Nous mettons nos masques car la fumée est de plus en plus présente. Arrivés au fond du cratère, nous voyons tout de suite l’impressionnant soufre d’où l’épaisse fumée se dégage. La colonne de fumée ne va pas dans notre sens, nous avons donc une très bonne visibilité. Nous gardons nos masques en sécurité. Nous prenons le temps de discuter avec un jeune porteur de soufre qui prend plaisir à nous montrer ses outils de travail et la manière dont il extraie le soufre (sans rien demander en échange).

Le temps étant humide en ce moment (saison des pluies oblige), nous craignons de ne pas voir la fameuse flamme bleue. Nous entendons un guide dire qu’il y en a qu’une cette nuit. Une ?! Ca nous suffit à nous ! Et la nature ne tardera pas à faire son oeuvre pour le plus grand plaisir de tout le monde. Nous contemplons la flemme bleue et sommes bercés des « waaaaaah » dès qu’elle se montre devant la colonne de fumée. Spectacle grandiose, mais interrompu…..

*Suspense dramatique*…. La colonne de fumée de gaz toxiques change subitement de sens et nous engloutie littéralement ! Elle nous emprisonne ! Nous ne voyons absolument plus rien. Aucune visibilité et la fumée nous brûle les yeux, à nous faire pleurer. Les guides crient « no panic », beaucoup de monde tousse, la fumée, malgré les masques à gaz s’insinue dans notre nez, dans notre gorge, dans nos poumons. Ca brûle. La sensation est très angoissante. Nous sentons qu’il y a un petit mouvement de foule. Nous, nous restons à notre place : pour ne pas nous perdre l’un l’autre et pour ne pas nous perdre tout court, car où aller ? nous ne voyons absolument rien. Nous tournons le dos à la colonne de fumée et nous patientons. Les guides et les porteurs de soufre vivent ça tous les jours. Les porteurs n’ont pas de masque, mais seulement un foulard humide. Nous pensons très fort à eux dans ce moment-là. Le vent finit par tourner, la visibilité revient petit à petit. Nous décidons de remonter un peu de chemin, pas fous non plus hin !

En remontant et en s’éloignant du feu de l’action, nous récupérons de la visibilité et de la respirabilité. Nous profitons d’avoir repris de la hauteur pour observer de nouveau la flamme bleue et tenter de prendre des photos (en vain). Nous avons mis 30 mins à descendre dans le cratère et nous sommes restés un moment dedans. Nous voyons le ciel s’éclaircir, il est temps de remonter ! Nous remontons au rythme des porteurs de soufre, sans masque, chaussures et vêtements troués, épaules blessées….

Marcher le long du cratère

Une fois en haut du cratère, il est possible de marcher sur ses bords, d’en faire le tour. Nous nous éloignons donc, nous ôtons nos masques et nous en prenons plein la vue. Le soleil s’est levé et le lac a enfin dévoilé ses magnifiques couleurs turquoises et le soufre son jaune si reconnaissant. Le lac, est le lac le plus acide de la planète, autant vous dire qu’on n’y a pas trempé un orteil. Après 30 mins de marche le long du cratère, sur un chemin plutôt plat, c’est ici que nous prendrons notre petit-déjeuner, devant ce paysage à couper le souffle. Ici, nous sommes presque seuls et c’est agréable.

Redescendre du volcan

Parce que toutes les bonnes choses ont une fin, il faut penser à redescendre. Maintenant qu’il fait jour, nous découvrons le paysage des alentours qui est très beau. La descente est longue et un peu glissante. Nous discutons une nouvelle fois avec un porteur de soufre. Il nous indique qu’il peut porter jusqu’à 80 kg de soufre, qu’il fait l’aller-retour deux fois par jour et qu’il met 5h à faire un seul aller-retour. Certains porteurs font des petites sculptures de soufre, d’autres proposent des photos payantes pour arrondir leurs fins de mois. Nous n’avons que quelques cigarettes à lui offrir ce qui semble lui faire plaisir.

En tout, du départ du parking jusqu’au retour au parking, nous sommes restés 5h45 sur le site. En rentrant à la guesthouse, nous avons mis 55 mins de scooter.

Coût total de notre excursion :

  • Location 1 jour scooter : 75 000 IDR
  • Location 2 masques à gaz à la guesthouse : 50 000 IDR
  • Essence : 20 000 IDR
  • Péage pour la route d’accès au volcan : 6 000 IDR
  • Accès au Kawah Ijen : 200 000 IDR
  • TOTAL : 351 000 IDR soit environ 21€56 pour 2 ; pour une durée d’environ 8h trajets inclus.

Nous prenons une bonne douche et changeons nos vêtements imprégnés de l’odeur du soufre. Pas de repos pour les braves, nous enchainons directement vers notre nouvelle destination : l’île de Bali ! Nous prenons un taxi-meter pour nous emmener aux ferries.

Infos pratiques :

  • Bemo du terminus de la gare à la guesthouse : 60 000 IDR soit environ 3,72€
  • 1 nuit en chambre double avec ventilateur à Gandrung Payungan Inn : 75 000 IDR soit environ 4€60
  • 1 journée de location de scooter : 75 000 IDR soit environ 4€60
  • Location d’un masque à gaz : 25 000 IDR soit environ 1€53
  • Entrée péage pour l’accès au Kawah Ijen : 3000 IDR/pers soit environ 0€18
  • Entrée au Kawah Ijen : 100 000 IDR/pers soit environ 6€20
  • Taxi-meter de la guesthouse aux ferries : 70 000 IDR soit environ 4€34

 

4 réponses

    1. Bonjour Cyril, nous sommes heureux de savoir qu’un de nos articles a été utile 🙂
      Nous avons fait la route en scooter. La première partie de la route se fait plutôt bien, c’est un axe principal, la route n’est pas toujours en très bon état (nids de poule) mais c’est correct. Jusqu’au poste de péage en bas du volcan, où là l’ascension du pied du volcan est très pentue, sinueuse, pas très large et ça peut être glissant si le temps a été humide (coulée de boue possible). Nous avions bien préparé notre itinéraire (qui est très simple car bien indiqué), nous étions bien reposés et nous avons pris notre temps en étant très attentif à la route. Nous étions seuls et nous n’avons croisé personne. Tout s’est très bien passé, nous n’avons pas eu de difficultés.
      En espérant avoir répondu à ta question ! Bonne route 🙂

    2. Bonjour Cyril,
      Pour ceux qui liront ce blog, sachez que louer un masque à gaz au départ du Kawah Ijen n’ est pas raisonnable, il sera inefficace les cartouches sont périmées
      Une cartouche de masque à gaz est efficace seulement qq heures en ambiance saturée de gaz,
      Donc votre masque à gaz ne servira pas à grand chose…
      Quand on va sur un volcan actif on doit toujours avoir son propre masque avec des cartouches neuves
      Personnellement je fais chaque année plusieurs expéditions sur des volcans actifs et je connais bien le Kawah Ijen

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