C’est donc un bus de nuit que nous prenons pour relier Sucre et La Paz. Après s’être acquittés de la taxe d’accès aux quais, nous grimpons dans le bus. C’est plutôt pas mal, il y a beaucoup de place, les sièges s’inclinent bien. Le bus part vers les 20h. On se mate des épisodes de séries, on geeke et on finit par se coucher.
La nuit a été mitigée, entre difficulté pour trouver la bonne position et réveils réguliers au fur et à mesure des arrêts du bus pour prendre d’autres passagers.
Vers 7h nous approchons de La Paz, nous sommes bloqués dans des embouteillages monstres et nous mettrons plus d’une heure à faire les derniers kilomètres. Au moins nous avons eu le temps d’apprécier l’impressionnante vue sur la ville. Nous arrivons à la gare routière vers 8h30, après 12h30 de trajet.
La Paz
La Paz est la capitale la plus haute du monde, en forme de cuvette, elle oscille entre 3200m et 4000m d’altitude, avec les pauvres en haut et les riches en bas. Eh oui, les conditions de vie en altitude ne sont pas les plus faciles.
La ville est entourée de sommets enneigés, dont le superbe mont Illimani qui culmine à 6492m d’altitude, de pics, de vallées, de canyons, c’est très beau. Nous sommes impressionnés par les milliers de maisons installées au bord de la cuvette, à flanc de collines.
La Paz, côté ville
Nous avons pris un réel plaisir à visiter cette ville, un peu décousue en apparence (embouteillages, circulation improbable, des couleurs de partout), mais pas si mal organisée après tout. Il y a des rues « aux lunettes », des rues « informatiques », des rues « de coiffeurs », etc.
Nous nous sommes concentrés sur la partie historique et touristique.
La Basilique San Francisco : elle trône sur une grande place, la Plaza Mayor, entourée de la circulation polluante. Elle a été construite entre 1744 et 1784, sa façade extérieure est magnifique avec ses colonnes de vignes et de fruits tropicaux dus à des influences indigènes et son portail de style baroque. L’intérieur est impressionnant également, malheureusement il n’est pas possible de prendre des photos. A l’intérieur, il y a une messe, nous nous faisons tout petits pour observer l’autel peint avec de l’or, les cierges qui brûlent jour et nuit, les plaques métalliques disposées par des anonymes qui remercient pour les faveurs et miracles obtenus suite à leurs prières.
Les rues Sagarnaga et Linares : deux rues très touristiques, qui partent de la Plaza Mayor, où il y a de nombreuses boutiques et agences de voyage. C’est agréable d’y déambuler. Il a des petits marchés artisanaux, cachés ici et là, au détour d’une rue. Les prix sont intéressants et les marges de négo sont importantes. Cela va de la petite boutique boui-boui aux boutiques plus luxueuses. On trouve aussi bien de la babiole ordinaire que des petits trésors cachés.
Le marché aux sorcières : il est situé dans l’un des plus ancien quartier de La Paz et on y trouve de tout : plantes médicinales et herbes, talismans et pierres magiques, fœtus de lama (à enterrer sous sa maison en offrande à la Pachamama = la terre mère), remèdes miracles, poudres et cosmétiques bienfaisants…mais aussi artisanat traditionnel et surtout touristique (ce qui fait perdre un peu de charme au stand).
La rue Jaen : la plus belle rue coloniale de La Paz. Rue étroite, pavée, bordée de maisons coloniales avec de superbes balcons. Cette rue est également connue pour les nombreux musées qu’elle abrite. Endroit un peu bobo chic, avec ses quelques boutiques d’artisanat (peintures, bijoux) qui se démarquent des traditionnelles babioles que l’on peut trouver partout ailleurs.
La Place Murillo: c’est le centre du pouvoir politique du pays, la place est notamment bordée du palais présidentiel et du congrès, tenus par des gardes stoïques. On y trouve également une cathédrale. La place est mignonne et envahie par les pigeons.
Fait intéressant : l’horloge inversée du Parlement bolivien. Les chiffres sont inversés et elle tourne dans l’autre sens. Ce serait un acte symbolique pour renier les pratiques imposées par le Nord aux États de l’hémisphère Sud. Pour le président Morales, ce serait ainsi pour redonner une identité au peuple bolivien. Il penserait même à faire modifier toutes les horloges institutionnelles du pays ainsi.
Le mirador Killi Killi : nous aimons bien prendre de la hauteur lorsque nous visitons une ville. Il existe plusieurs miradors et plusieurs points de vue sur La Paz. Nous avons choisi le mirador Killi Killi pour sa proximité du centre-ville et sa facilité d’accès. Nous nous y sommes rendus à pied via la rue Bandera. La vue sur la cuvette est superbe ! Le mont Illumani et la vallée de la Lune, là-bas tout au fond. Des petites maisonnettes qui grimpent les collines partout tout autour, et au fond de la cuvette les tours d’immeuble. C’est vraiment très beau.
Prendre le téléphérique : un autre moyen de prendre de la hauteur. C’est assez extraordinaire de voir ces installations modernes et flambants neuves permettant d’accéder aux zones hautes de la ville. Il s’agit du téléphérique urbain le plus haut du monde, il a été inauguré en 2014, et c’est une installation autrichienne. Il existe plusieurs lignes différentes qui permettent de relier le bas et le haut, de tous les côtés de la ville. Une vraie révolution pour les boliviens habitués aux embouteillages.
Nous avons testé la ligne qui se situait près de notre hôtel. Un petit aller-retour jusqu’à la place Villarroel, pour seulement 3 bolivianos le trajet (0,36€) et une vue grandiose.
La Paz, côté campagne
Il y a de nombreuses choses à faire, à découvrir, à voir aux environs de La Paz. Nous, nous savions que nous avions un peu de temps sur La Paz et seulement une journée ou deux à consacrer à une virée extérieure. Par contre nous ne savions pas du tout quoi faire : Trek ? Vélo ? Alpinisme ? Culture et patrimoine ?
Nous avons donc pris le temps de rencontrer plusieurs agences afin de comparer les activités et les prix.
Au départ, nous avions dans l’idée de faire un trek sur l’Illimani, cette superbe montagne enneigée de 6 492m qui nous fait de l’œil depuis La Paz… on a vite déchanté en apprenant que cela se faisait en 4 jours et 3 nuits (450€/pers). Le Huayna Potosi alors ? Qui culmine « seulement » à 6 088m ? Non plus, il faut y consacrer 2 ou 3 jours et c’est largement hors budget pour nous (132€/pers).
Flûte ! Qu’est-ce qu’on peut faire alors sur une journée ?
La plupart des agences nous ont proposé ces quatre solutions :
descendre la « route de la mort » en VTT : une matinée de descente « dangereuse » sur une piste tortueuse et caillouteuse, à flanc de précipice, suivi d’un déjeuner et une après-midi à se reposer dans la piscine d’un hôtel : ça nous botte moyen (55€/pers).
faire la vallée de la Lune et Chacaltaya : formation géologique qui doit son nom à son aspect lunaire : on a déjà vu une vallée de la Lune à San Pedro de Atacama. On passe (12€/pers).
faire une journée de rando dans la pampa ou variante dans la jungle : on se dit que l’on pourra faire ça au Costa Rica. On passe.
faire une journée de trekking Condoriri-Laguna Chiar Khota-Pico Austria : superbe rando d’une journée le long de la cordillère royale des Andes avec magnifiques paysages de sommets enneigés, grimpette en altitude, lacs perdus… ok, on valide !
Nous allons partir avec l’agence Inca Land Tours, où le contact est bien passé et l’agence nous a semblé sérieuse.
Notre journée de trek : l’ascension du Pico Austria
La journée commence à 7h30. La voiture quitte La Paz avec à son bord le chauffeur, le guide, un autre trekkeur et nous deux. Petit comité donc ce qui n’est pas pour nous déplaire !
Après 1h10 de belle route, nous bifurquons pour emprunter un chemin caillouteux qui nous secoue dans tous les sens, et ce pendant 1h de route ! Heureusement que nous avons vu de nombreux alpagas, lamas, moutons, ânes pour nous divertir. Nous arrivons donc finalement après 2h10 de voiture, au point de départ de la rando.
Nous commençons à marcher à 9h45, nous sommes à 4480m d’altitude et ça se ressent tout de suite car le souffle est court et l’essoufflement important. Nous faisons des petites pauses très régulièrement pour que les battements du cœur ralentissent. Très vite nous voyons une première lagune, la lagune Khauan Khota.
Nous poursuivons notre route vers un camp de base situé au pied de la sublime lagune Chiar Khota. Certaines journées randos s’arrêtent ici. C’est vrai que le paysage est déjà magnifique, mais ces montagnes enneigées, si près de nous, nous narguent, nous voulons en voir plus ! Nous avons devant nous l’impressionnant Huayna Potosi, mais également l’aiguille noire et bien d’autres noms qui ont quitté ma mémoire depuis longtemps. C’est devant ce paysage que nous faisons une pause snack, à 4656m d’altitude, après une petite heure de marche, pour reprendre des forces.
Nous repartons à 10h50, et nous entamons une partie un peu difficile. Non pas que ce soit très pentu, mais avec l’altitude ça change tout ! Le chemin grimpe doucement, en serpentant, mais l’effort est important, le cœur bat à 1000 à l’heure, on le sent dans notre poitrine, dans la gorge, dans les tempes, c’est impressionnant. Le guide fait des pauses très régulières, on avance vraiment petit à petit, on écarte bien les bras pour ouvrir la cage thoracique et essayer de mieux respirer. Il nous encourage « un poquito mas, un poquito mas » qu’il dit (encore un peu, encore un peu). Le rythme me convient, j’arrive à bien suivre. Par contre c’est plus difficile pour Antoine, il ne trouve pas le rythme et il a des difficultés avec sa respiration. Bien courageusement, il nous suit, d’un peu plus loin, à son rythme, mais il nous suit. Les paysages sont toujours aussi magnifiques, réelle motivation indispensable dans ces moments-là.
Petit à petit le paysage se transforme, d’un petit chemin qui serpente dans la végétation, nous passons à un chemin plus droit, peut-être un peu plus pentu, avec seulement des cailloux, partout. Des collines de cailloux ! Gris. Ce petit sentier, nous le voyons de loin, il semble interminable, il emmène à un col, où l’autre côté reste caché, mystérieux. Là ça se complique. C’est encore plus dur que précédemment. On suit le guide, on peine, chacun se concentre silencieusement sur sa respiration, sur son pouls, sur son rythme. Antoine commence à avoir mal à la tête, mais il continue, et là on se dit que le mental est primordial dans cette épreuve. Sans ça, il n’aurait pas réussi à arriver en haut du col qui se trouve à 5140m d’altitude !
On aura mis presque 3h pour y arriver mais nous sommes récompensés par la vue qui est époustouflante ! Nous sommes tout près des montagnes enneigées, du Condoriri, du Pico Austria et de bien d’autres encore.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, il reste encore quelques mètres pour grimper le Pico Austria ! Antoine, terrassé par le mal des montagnes restera au niveau du col pour se reposer un peu. C’est reparti pour moi avec le guide et l’autre compagnon. Encore 45 mins de marche, très lente, pour accéder au sommet. Le chemin est glissant, sinueux et très pentu. Finalement nous arrivons au sommet à 5350m d’altitude. La vue à 360° est incroyable, au loin nous voyons même le lac Titicaca ! Il y a même un peu de neige. Après être restés 15 mins au sommet à en prendre plein les yeux. 20 minutes seulement pour redescendre et retrouver un Antoine un peu palichon. Pause déjeuner bien méritée ! Je dévore mon repas alors qu’Antoine touche à peine au sien…c’est vraiment que ça va pas !
Après le déjeuner, nous redescendons par le même chemin caillouteux, un peu glissant en descente mais moins éprouvant tout de même. Après la partie cailloux, nous retrouvons la végétation et nous prenons un autre chemin que celui du matin, chemin qui descend et qui est donc agréable. Enfin, ça dépend pour qui car Antoine, après avoir rendu son déjeuner, est en mode zombie, il est assommé par une très grande fatigue et il semble lutter à chacun de ses pas. Nous essayons de l’encourager comme on peut, mais il est dans une bulle de concentration ou une bulle de souffrance, je ne sais pas trop ! La descente lui a semblé interminable même si au final nous n’avons mis « que » deux heures. Le paysage était encore une fois sublime, nous avons traversé des prairies où lamas, alpagas et ânes vivent en harmonie.
Encore quelques efforts et nous voici revenus à la voiture ! Il faudra patienter après les 50 mins de route retour sur le chemin cabossé où il est impossible de se reposer, pour retrouver la grande et belle route et avoir un peu de répit. De retour à La Paz, nous retrouvons les embouteillages et la pollution. Le guide décide de terminer les quelques derniers mètres à pied, cela sera plus rapide qu’en voiture ! On le quitte et on le remercie chaleureusement car il a vraiment été au top. Il est fier d’Antoine qui a réussi à dépasser ses limites ! Et moi aussi je suis fière de lui !
Quelques chiffres :
4h20 de voiture aller-retour
7h30 sur site dont 6h de marche effective
de 4480m à 5350m d’altitude
1 mal des montagnes
des centaines de petites pauses
1 tentative de machouillage de feuilles de coca (infructueuse)
d’innombrables paysages incroyables
0 touriste croisé
Il est tard, nous prenons un repas à emporter dans le resto juste à côté de l’hôtel et Antoine arrive à manger un peu. Maintenant, il faut une bonne nuit de sommeil et demain ça ira mieux.
Allez, je ne laisse pas le suspens, le lendemain matin, après une nuit de 10h, Antoine se sentait beaucoup mieux et a repris suffisamment de forces pour se diriger vers notre nouvelle destination : Copacabana ! Copa ! Copacabana ! Non non, pas le Copacabana brésilien, mais le, peut-être moins sexy, Copacabana bolivien.
Infos pratiques :
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