C’est après 7 heures de bus que nous arrivons à Phnom Penh, la capitale du Cambodge, qui est l’une des plus compliquée à prononcer. On nous reprendra à plusieurs reprises sur sa prononciation et même après ça pas sûr qu’on sache vraiment le dire correctement ! Cette ville, tout comme le pays, a connu une incroyable histoire et il nous semble important de vous en parler en partie.
Phnom Penh fut surnommée la perle d’Asie du Sud-Est à l’époque coloniale. Les français, imposant un « protectorat » de plus d’un siècle au Cambodge, ont effectué de nombreux travaux afin de mettre en valeur les richesses architecturales (temples, palais royal) de Phnom Penh. Mais la guerre est passée par là et a laissé des traces. Le 17 avril 1975, les Khmers rouges arrivent au pouvoir après avoir renversé le président Lon Nol et son gouvernement corrompu. Accueillis comme des libérateurs, les Khmers rouges vont ordonner la déportation de la population vers les campagnes, sous un faux prétexte de bombardements, soit environ 2,5 millions de personnes et tout ça en l’espace de 48 heures. Cet exode coûtera la vie à plus de 400 000 personnes. C’est à partir de ce moment que les Khmers rouges vont démolir tous les symboles de l’histoire du pays : les archives sont brulées, les églises sont détruites, les pagodes et temples sont saccagés ou transformés en prisons. Cette année 1975 est nommée « l’année zéro » comme pour symboliser la renaissance proclamée par les Khmers rouges.
Pendant cette période de nombreux citadins vont mourir dans les campagnes car ils n’ont pas l’habitude des travaux de force mais aussi à cause des maladies, de la faim. Les Khmers rouges vont continuer leurs exactions sous prétexte de non-conformité idéologique : les militaires seront exécutés ainsi que tous les fonctionnaires et intellectuels (porter des lunettes est considéré comme un signe d’intelligence). Les Khmers rouges deviennent paranos et les arrestations et condamnations à mort se multiplient. Les Khmers rouges voulaient restaurer l’empire Angkorien qui s’étendait sur une partie du Vietnam notamment. En décembre 1978, l’armée vietnamienne envahit le Cambodge et chasse les Khmers rouges de Phnom Penh. Pendant 4 années de règne des Khmers rouges, le nombre de victimes ne cesse de s’alourdir et atteindra le nombre de 2 millions de morts. Les associations caritatives parleront de génocide.
Tuol Sleng ou camp S-21 :
Ce nom ne vous évoque peut-être rien mais après avoir été un lycée, construit par les français, il est devenu un centre de détention le plus effroyable du Cambodge. Des milliers de cambodgiens y furent interrogés, torturés et exécutés de 1975 à 1979 : des cadres Khmers, des opposants au régime, des intellectuels, des moines, des familles, des étrangers. Les gardiens sont choisis très jeunes, car facile à endoctriner et ont appris les pires méthodes pour torturer les prisonniers de jour comme de nuit jusqu’à ce que les prisonniers avouent des crimes imaginaires et soient tués . Cela n’est pas sans rappeler les camps de concentration en Allemagne.
Nous suivons le parcours qui permet de découvrir l’enfer qu’a pu être ce centre de détention. Les anciennes salles de classe sont transformées en salles de torture ou en cellules collectives où étaient entassés de trop nombreux prisonniers reliés les uns aux autres par une barre de fer fixée au sol par des anneaux encore visibles. A l’étage, des toutes petites cellules individuelles ont été construites à la va-vite et elles pouvaient contenir jusqu’à deux prisonniers. Les conditions d’hygiène étaient déplorables, une boite à munitions servait de toilettes et les gardiens arrosaient les prisonniers à l’aide d’un tuyau d’arrosage par la fenêtre. Seulement ceux près de la fenêtre pouvaient espérer recevoir un peu d’eau.
Tout au long de la visite, des photos illustrent les propos de l’audio-guide et l’on peut voir des photos de prisonniers ayant succombés aux tortures, ce qui était inadmissible pour le chef du centre car tous prisonniers devaient être tués après avoir écrit ses faux aveux. D’autres photos plus nombreuses présentent les visages de chaque prisonnier photographié à son arrivée. Dans le dernier bâtiment, une exposition juxtapose des photos anciennes et récentes de gardiens et autres personnes ayant appartenus aux Khmers rouges, avec leurs vies retrouvés à la fin du régime des Khmers rouges. C’est déroutant mais chacun a du se réadapter à la vie.
Dans ce lieu règne une atmosphère particulière et un calme respectueux lorsque l’on déambule parmi les anciennes cellules. Pendant 2h 45 de visite, grâce aux audio-guides, nous apprenons toute la cruauté qui a pu y régner pendant plusieurs années. Nous ressortons silencieux de cette visite.
Le palais royal et la Pagode d’Argent :
C’est un autre haut lieu touristique qui attire bon nombres de touristes dans son enceinte s’étalant sur plusieurs pâtés de maisons. Encore une fois nous décidons de partir de bonne heure pour y arriver avant les groupes de touristes, mais même en arrivant à 8 h 30 le palais est déjà envahit de monde. Heureusement l’enceinte du palais est grande et les groupes se dispersent assez vite. Nous décidons de ne pas prendre de guide (au vu du tarif déjà élevé de l’entrée) et de nous contenter des infos du Routard et de la carte fournie à l’entrée.
Nous parcourons assez rapidement la première partie car plusieurs bâtiments sont interdit d’accès et un autre est en rénovation depuis 2012. Nous prenons le temps d’admirer la salle du trône, un bâtiment de 100 mètres de long, surmonté d’une flèche de 60 mètres de haut avec un Brahma à 4 visages. C’est ici qu’avaient lieu les cérémonies de couronnement. Ce bâtiment se visite de l’extérieur par les fenêtres ouvertes d’où l’on peut apercevoir le trône d’apparat représentant le mont Méru dans un décor tout en dorure et en scintillement.
Nous poursuivons avec la deuxième partie du complexe, là où se trouve la Pagode d’Argent. Dès l’entrée et sur tout le mur d’enceinte, il y a une grande fresque racontant les péripéties du Râmânayana. Cette fresque est très abimée par endroits malgré les diverses restaurations entreprises, rassurez-vous, il y a encore des endroits de la fresque qui sont très bien conservés dont notamment la partie au niveau de la porte nord. La pagode d’argent est nommée ainsi car son sol, bien que caché par des tapis, est pavé de carreaux d’argent. Elle contient une statue de Bouddha d’émeraude, plus vraisemblablement en jade, une copie selon le guide du Routard. L’intérieur de la pagode fut entièrement saccagée par les Khmers rouges, vous trouverez donc des trésors restaurés, principalement des statues de Bouddha dont un en or et incrusté de diamants.
Nous continuons de déambuler dans cette seconde et dernière partie qui est moins fréquentée par les touristes, ce qui nous permet de prendre notre temps et d’être au calme ! Nous admirons les belles stupas qui abritent les cendres des ancêtres du roi actuel, une statue de Napoléon III, à qui on a coupé la tête pour la remplacer par celle du roi Norodom, une empreinte de pied de Bouddha. C’est ainsi que nous concluons notre visite sous une chaleur éprouvante. Nous sortons et nous dirigeons vers la rivière pour y trouver une belle vue mais pas le frais !
Les pagodes de Phnom Penh :
Pendant ces trois jours passés à Phnom Penh, nous avons fait un petit tour des pagodes et on vous avoue tout de suite que nous ne les avons pas toutes visitées !
Wat Phnom : Pour accéder à ce temple, il faut grimper une mini colline artificielle. L’endroit est très vert et ombragé. De nombreux cambodgiens y viennent s’y promener et profiter de sa fraicheur. On y trouve aussi de nombreux vendeurs ambulants (de boissons, d’oiseaux), des diseuses de bonne aventure. Au sommet se trouve la pagode décorée de belles fresques et de nombreux bouddhas.
Wat Langka : première des pagodes à avoir été reconstruite suite à sa destruction sous l’ère des Khmers rouges. Un grand bâtiment se dresse au milieu de plusieurs stupas, c’est un endroit très paisible et calme.
Wat Ounalom : complétement rasé par les Khmers rouges, ce temple fut reconstruit, tout comme le Bouddha de marbre qu’il abrite qui fut brisé par les Khmers rouges. Il a pu être recollé et est maintenant conservé à l’abri des regards.
Le Street Art :
Pour finir ce séjour en beauté ou presque, nous trouvons un quartier où de nombreux artistes connus ou non, locaux ou internationaux, ont donné des couleurs à ce quartier populaire. Nous vous présentons quelques oeuvres de ces artistes ici, mais très prochainement un article sera entièrement consacré au Street Art au Cambodge.
Infos Pratiques :
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