Dans un article précédent, nous vous avons parlé du Machu Picchu « pratique », maintenant place au récit de nos fabuleuses découvertes !
J-1 : notre épopée pour rejoindre Aguas Calientes
Nous avons donc quitté le village d’Urubamba où se trouvent les salines de Maras en direction d’Aguas Calientes, ville de départ pour le Machu Picchu.
Nous arrêtons un mini-van taxi dans la rue, en mode local, sinon il y a toujours la possibilité de partir du terminal de bus, et nous prenons la direction d’Ollantaytambo. Il n’y a pas de trajet direct Urubamba – Santa Maria ou Santa Teresa, d’où cette halte.
Nous mettrons 30 minutes à rejoindre le village d’Ollantaytambo. Beaucoup de personnes y restent pour y visiter les ruines incas, mais nous, nous n’avons pas assez de temps pour cela et nous n’avons pas acheté le boleto turistico.
Comme dit dans cet article sur le Machu Picchu pratique, nous avions l’intention d’aller à la gare routière pour demander un trajet Ollantaytambo – Santa Maria, puis de Santa Maria à Santa Teresa, puis station hidroelectrica, mais nous avons cédé à la facilité quand une dame sur la place centrale nous a interpellé pour nous proposer un trajet direct Ollantaytambo – station hidroelectrica, certainement plus cher que de le faire par soi-même mais assurément moins contraignant.
Nous attendrons un bon moment que ce fameux bus démarre car il voulait partir complet mais ça sera loin d’être le cas. Le bus finit par partir à 10h10 pour faire 2h40 de route jusqu’à Santa Maria, et à partir de là on quitte la route en bon état pour un chemin de terre poussiéreux, étroit et très sinueux. Le chauffeur roule un peu trop vite à notre goût mais il semble maîtriser. La route est magnifique, les paysages montagneux sont très verts et en contrebas nous longeons la rivière Urubamba. Nous mettrons 50 minutes pour rejoindre Santa Teresa puis encore 35 mins pour atteindre la station hidroelectrique. Pour être plus précis, le mini-van s’arrête quelques centaines de mètres avant la station, à un restaurant, où la plupart des personnes du bus s’arrêtent déjeuner. Nous, nous avions prévu les sandwichs.
Nous réservons ici notre trajet retour pour le lendemain.
Nous nous armons de courage et nous commençons notre route à pied. En effet, bien qu’il soit possible de prendre le train ici pour rejoindre Aguas Calientes, nous optons pour la solution la moins chère : les jambes. Il y a environ 10 km. Le début du chemin est bien indiqué. Ça grimpe dur, mais pas trop longtemps, pour rejoindre la voie ferrée que nous allons suivre jusqu’au bout. C’est simple, c’est facile, c’est plat, le chemin est vraiment chouette, en pleine foret, avec des petits ponts et parfois en croisant des trains. Nous sommes presque seuls sur l’aller, et nous croisons quelques personnes en sens inverse. Le temps est nuageux, voire pluvieux, mais en tout cas il fait très chaud et humide. Le paysage le long de la rivière est superbe, sublimé par un bel arc-en-ciel. On écoute la nature, on observe les oiseaux, on voit la pluie tomber dans la lumière du soleil. On croise de temps à autre un stand, un resto, un camping. Bon, il faut l’avouer, c’est long aussi, très long. Après 2h30 de marche nous arrivons à l’entrée d’Aguas Calientes et il nous reste encore une vingtaine de minutes avant de rejoindre notre auberge de jeunesse.
Aguas Calientes
La place principale et toutes les rues adjacentes sont tournées vers le tourisme : de nombreux restos, de nombreux bars, des nombreux boutiques touristiques, et de nombreuses agences de voyage. Au moins, on ne manque de rien !
Pour les restos, il y a tous les prix. Nous avons trouvé un restaurant avec un menu entrée + plat + dessert + un pisco sour à 20 soles/pers. Attention à l’addition, on nous avait ajouté des taxes sans trop savoir à quoi ça correspondait. Après avoir bafouillé quand on demande des explications, le patron nous dit que c’est « optionnel »….oh bah si c’est optionnel….
Nous avons également acheté des sandwichs pour la journée du lendemain. Le propriétaire de l’échoppe nous chuchote qu’il faut bien les planquer dans le fond du sac, car cela serait interdit de les manger sur le site du Machu Picchu. Le lendemain, il n’y a pas eu de fouille de sac, mais nous avons préféré tout de même manger nos sandwichs en dehors du site.
Enfin, à Aguas Calientes, nous avons acheté nos billets de bus pour accéder au site du Machu Picchu. Il est tout à fait possible de monter au site à pied, mais c’est long et il y a de nombreuses marches. Sachant que nous avions pris des billets combinés avec la « montana », nous savions déjà que de nombreuses marches nous attendaient, nous nous sommes épargnés cette difficulté pour nous préserver pour le site.
Jour J : la découverte du site du Machu Picchu…ou pas !
Réveil à 4h40, petit-dej à 5h (la plupart des hôtels/auberges de jeunesse proposent des petits-dej matinaux) et départ à 5h25. On se dirige vers la station de bus, en 5 minutes à pied on y est. Ce n’est pas que l’on pensait être seuls, non, mais on ne s’attendait pas non plus à autant de monde ! La petite rue par laquelle nous arrivons débouche sur le début de la looooooongue file d’attente. Devant nous il y a un peu de monde, derrière nous il y a beaucoup de monde….. discrètement, nous restons à notre place. Oui, nous savons c’est mal ! Bref, la danse des petits bus commence, ils arrivent tous les uns à la suite des autres, les gens montent au fur et à mesure et le bus part quand il est plein. Au final, cela va très vite, et nous montons à bord à 5h45 pour 22 minutes d’ascension sur un chemin parfois pavé parfois en terre, sinueux et étroit.
En haut, il n’y a pas trop de monde, ça reste raisonnable. On passe la première partie « guide ». De nombreux guides vous proposent leurs services. Par curiosité on demande le tarif d’un guide qui parle français : 55 dollars par personne…. ça ne nous convient pas du tout. Il dit que le tarif peut être partagé s’il y a un groupe. Malheureusement, notre timing est trop serré et nous n’avons pas le temps qu’un groupe se complète. Il descendra tout de même son tarif à 40 dollars par personne, mais nous passons notre chemin. Pour info, une visite guidée dure entre 1h30 et 2h.
On passe ensuite le contrôle des tickets, sans attente, et le Machu Picchu est à nous !
La visite du Machu Picchu
La plupart des guides et des groupes font une première pause explication à l’entrée du site, le Machu Picchu est donc réellement à nous ! Il n’y a absolument personne devant nous, tout est calme, nous sommes seuls au monde. Ça paraît idyllique comme ça, vous vous dites « la chance ! » oui, mais c’était sans compter sur la brume très épaisse, sur les nuages et leurs différentes nuances de gris, sur le crachin breton…aucune vue, aucune visibilité seulement une grande déception…la loose. Nous suivons le sentier balisé en même temps que les explications du guide papier, mais le cœur n’y est pas vraiment. Heureusement nous croiserons un sympathique groupe de lamas qui nous remonterons un peu le moral.
Et si je vous racontais un peu tout ce qu’on n’a pas vu ?!
Le Machu Picchu se trouve à 2400m d’altitude et se dresse au milieu de la foret tropicale. Cette cité est sans doute l’une des plus belles œuvres des Incas et date du 15ème siècle. Plus de 100 ans après sa découverte, le Machu Picchu divise toujours autant les chercheurs, incapables de se mettre d’accord sur une même chronologie de l’Histoire ou sur le pourquoi du comment du Machu Picchu. Étais-ce un centre religieux du fait de nombreux édifices cérémoniels ? Une forteresse grâce au mur d’enceintes et aux douves qui semblent protéger la cité ? Une cité royale construite pour l’empereur et sa famille ? Un centre agricole pour la capitale car la capacité agricole dépasserait largement les besoins de la population locale ?
Quoiqu’il en soit, tout le monde s’est accordé pour dire qu’il s’agit une véritable ville avec différents quartiers : le quartier des agriculteurs, celui des artisans, le quartier royal et le quartier religieux.
La visite du Machu Picchu est limitée « officiellement » à 2500 visiteurs par jour afin de préserver le site. Depuis plusieurs années, une même rumeur affirme que le Machu Picchu fermera « bientôt » définitivement ses portes ou les projets farfelus tels qu’un téléphérique qui survolerait le site.
Le Machu Picchu est divisé en deux grandes sections :
Le secteur agricole au sud : après l’entrée sur le site, vous pouvez grimper sur la gauche au sommet du secteur agricole. Vous y verrez un ensemble de terrasses à flanc de montagnes. Il y avait des cultures de maïs, de pommes de terre et d’autres légumes. Dans la partie inférieure de la zone, se trouvent les greniers où étaient stockés les surplus. Quelques maisons ont été restaurées. A la tour de guet « la maison des gardiens » vous aurez la fameuse vue « carte postale », si vous avez la chance d’avoir une vue (oui oui la déception est tenace) !
Le secteur urbain au nord : l’entrée du secteur, en contrebas, est marquée par une imposante porte. Dans ce secteur on y trouve notamment le temple du soleil, construit sur une base de roche naturelle, il symbolise le lien entre la terre et le soleil. A l’intérieur, le rocher servait d’autel pour les rituels. Il y a également la tombe royale, grotte naturelle aménagée de niches funéraires, la maison de la princesse, le palais royal qui dispose d’une cour intérieure. Un peu plus loin, on trouve un jardin botanique qui abrite plusieurs espèces d’orchidées mais aussi des pommiers, fushias et autres végétaux. Il y a encore beaucoup de choses à voir dans ce secteur, dont un quartier sacré qui cache bien des trésors, et cela serait beaucoup trop long à décrire dans cet article.
La partie basse du secteur urbain est le quartier résidentiel, construit en pierres plus grossières, on y trouve notamment le temple du Condor, où la formation rocheuse ressemblerait à un condor les ailes déployées.
Nous avons fait le tour des ruines en 1h45 environ, bin oui, sans aucune vue et donc sans pause photo, je suppose que la visite est plus rapide.
Il est 7h50, il est temps de rejoindre la montana car nous faisons partis du groupe 7h-8h. Après une grande réflexion de ma part (bon pas si grande, c’était très vite décidé), je m’abstiens de faire cette ascension. Grimper des milliers de marches pendant 1h pour n’avoir aucune vue une fois là-haut, ça ne m’intéresse pas. Antoine lui relève le défi. Pendant qu’il crapahutera, je referais un tour dans les ruines du Machu Picchu, mais cette fois-ci il y aura beaucoup plus de monde, beaucoup de groupes.
L’ascension de la montana
1900 marches à gravir…gloups c’est beaucoup ! Antoine commence donc son ascension à 7h50 et dit avoir grimper en 1h05 (mouais mouais, il n’y a personne pour le vérifier ça !).
Je reprend la main pour rétablir la vérité. Oui mesdames et messieurs j’ai bien gravi cette montagne en 1h et 5 min. Le temps est rapide et cela s’explique très simplement car il n’y avait rien à voir donc, dans ces conditions, autant marcher. Les marches, creusées à même la roche, sont très irrégulières et l’ascension est difficile. En haut, la vue ………… autant dire qu’elle est …enfin bref passons. J’ai aussi rencontré quelques personnes le long de cette ascension mais pas facile de parler en marchant, donc c’est une fois en haut que nous avons pu échanger un peu. Voilà je laisse la main à Aurèle pour qu’elle puisse vous raconter la suite de notre expérience du Machu Picchu. La descente a duré 40 mins, puis le temps qu’Antoine me rejoigne en dehors du site, sous une grosse averse, je le verrais apparaître vers 10h45.
Bon timing pour quitter le Machu Picchu.
Au revoir Machu Picchu
Nous nous équipons comme il se doit : vestes de pluie/poncho/parapluie, et nous descendons du site, non pas en bus comme ce matin, mais à pied. Oui descendre des centaines de marches ça me dérange moins que de les monter, même si les marches sont irrégulières, que le terrain est glissant et qu’au final on mettra presque 1h. Nous faisons notre pause déjeuner en bas, pour reprendre des forces et trouver le courage et le moral de marcher sous la pluie le long de la voie ferrée pour rejoindre la station hidroelectrica.
La route, qui nous avait pris 2h30 la veille, ne nous aura pas résisté aujourd’hui, est-ce la peur d’être en retard pour avoir le bus ? Est-ce la pluie ? Le fait de ne pas prendre de photo, de ne pas observer les petits zozios et les arc-en-ciels ? Ou simplement l’envie de rentrer et de se poser ? Mais en tout cas on aura fait le retour en 1h30 à un rythme bien soutenu donc.
A la station hidroelectrica c’est l’effervescence. Il y a de nombreux groupes, de nombreux mini-bus, personne ne sait où il doit aller, les chauffeurs crient des noms dans le brouhaha, bref c’est le bordel et nous on est bien content que notre point de rendez-vous soit quelques centaines de mètres plus loin, au niveau du restaurant.
On se croit malin mais au final, notre mini-van nous ramènera à la station hidroelectrica, et on doit changer de mini-van. On attend les retardataires pour qu’il parte, et quand il est presque plein, on nous demande à tous les deux de sortir et de changer une nouvelle fois de mini-van. Dans notre nouveau véhicule, il faut encore attendre les retardataires avant de partir et notre patience est mise à rude épreuve. Au final on ne partira qu’à 15h30, mais bon du moment qu’on part ! Le mini-van part en direction de Cusco, nous demandons au chauffeur de nous larguer à Urubamba, là où nos lits, une douche et nos sacs-à-dos nous attendent après 5h de trajet.
Fermeture des paupières sur une journée mitigée, teintée de déception, de frustration mais aussi de challenge, de fractions de vue enthousiasmantes et de se dire que malgré tout « on y était ! ».
PS : pour ma part, j’ai eu la chance de faire le Machu Picchu une première fois, il y a 4 ans, lors d’un voyage organisé que j’ai effectué avec ma tata. Nous avions eu un temps merveilleux, alors si vous voulez voir à quoi ressemble le Machu Picchu sous le soleil, rendez-vous ici…mais chut, il ne faut pas trop le dire à Antoine.
Infos pratiques :
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